mercredi 13 juin 2007

1 - Luttes

Lutte française dite « gréco-romaine »
(ancienne lutte traditionnelle provençale : "lucho de la ceinturo en aut")

Grâce à Pierre de Coubertin, l’artisan de la résurrection des Jeux Olympiques,

Baron Pierre de Coubertin
... la « lutte française » (plus précisément «lutte provençale» : "la lucho de la ceinturo en aut") est incluse au programme olympique dès 1896. Elle a même ses premiers championnats du monde dès 1904. Mais c’est sous le nom de « lutte gréco-romaine » qu’elle acquiert sa notoriété. D’ailleurs, le seul Français qui y décrochera le titre suprême (en « poids lourds ») sera Henri Deglane lors des JO de 1924.
Henri Deglane

Les nations qui s’imposeront dans cette discipline seront surtout l’URSS (qui se morcellera plus tard pour devenir la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, etc), les pays scandinaves (Suède, Finlande et Danemark notamment) et les pays germaniques (Allemagne et Autriche) dont les luttes traditionnelles s’apparentaient avec la réglementation choisie par Coubertin.

Les plus grands champions de cette discipline, présentés chronologiquement dans le tableau ci-dessous, sont ceux qui auront réussi à régner au moins 8 années ; soit par deux titres olympiques soit par un cumul de titres (championnats du monde ou coupes du monde) correspondant à huit années.

Athlètes - Jeux Olympiques (date des titres) - Championnats du monde (nombre de titres) - Coupes du monde (nombre de titres)
Carl Westergren de Suède - 3 (1920 ; 1924 ; 1932) - 1 - 0
Kristjan Palusalu d’Estonie - 2 (doublé en 1936) - 0 - 0
Istvan Kozma de Hongrie - 2 (1964 ; 1968) - 3 - 0
Alexander Koltschinski d’URSS - 2 (1976 ; 1980) - 1 - 1
Alexander Karelin d’URSS puis de la CEI et de Russie - 3 (1988 ; 1992 ; 1996) - 11 - 1

* Carl Oscar Westergren de Suède a remporté son premier titre olympique de Lutte Gréco-Romaine en 1920 dans la catégorie des « moins de 75 kg ». En 1922, il obtient le titre de champion du monde, toujours chez les « moins de 75 kg ». En 1924, il redevient champion olympique mais cette fois en « moins de 82,5 kg » (et termine 4ème en Lutte Libre). En 1925, 1930 et 1931, il ajoute des titres de champion d'Europe à son palmarès (respectivement en « moins de 82,5 kg »; « moins de 87 kg »; et « plus de 87 kg »). Le titre olympique lui ayant échappé en 1928, il revient aux Jeux en 1932 et s’empare du titre suprême : chez les « plus de 87 kg ». Son palmarès est donc de trois titres olympiques et un titre mondial (sans compter les titres européens). Mais dans les années 1920-1930, il n'y eut que 3 championnats du monde organisés en gréco-romaine : celui de 1920 en Autriche (avec pratiquement que des Allemands ou Autrichiens sur les podiums), celui de 1921en Finlande (avec pratiquement que des Finlandais sur les podiums) et enfin celui de 1922 en Suède (avec pratiquement que des Scandinaves sur les podiums). Il faudra attendre les années 1950 pour que cette compétition devienne régulière.

Carl Westergren entre son premier succès à 75 kg et son dernier à plus de 87 kg

* Kristjan Palusalu d’Estonie (1m84, 100 kg) réussit le doublé lutte libre / lutte gréco-romaine lors des Jeux Olympiques de 1936 en « plus de 87 kg ». Son seul autre titre est continental : les championnats d’Europe 1937 en lutte gréco-romaine.
Kristjan Palusalu

* Istvan Kozma de Hongrie remporta les championnats du monde de lutte gréco-romaine en 1962 (« plus de 97 kg »), les Jeux Olympiques en 1964, à nouveau les championnats du monde en 1966, les championnats d’Europe en 1967, ses troisièmes championnats du monde en 1967, et ses seconds Jeux Olympiques en 1968.

Istvan Kozma

* Alexander Koltschinski d’URSS (1m93, 119 kg) devient champion d’Europe « espoirs » de lutte gréco-romaine en 1974. En 1976, il décroche son premier sacre olympique chez les « seniors », catégorie « plus de 100 kg ». En 1978, il ajoute un titre de champion du monde. Puis en 1980, il remporte ses seconds Jeux Olympiques et la coupe du monde.
...
Alexander Koltschinski

* Alexander Karelin d’URSS puis de la CEI et finalement de Russie a d’abord été deux fois champion du monde de lutte gréco-romaine dans la catégorie d’âge « espoirs » (en 1985 et 1987). Puis il remporta la coupe du monde en 1987. Dans les années suivantes, il réalisera chaque fois le doublé championnat d’Europe et championnat du monde ou Jeux Olympiques. Aux Jeux Olympiques, il sera médaille d’or en 1988, 1992 et 1996. En championnat du monde « seniors » (chaque fois chez les « moins de 130 kg »), il remportera la victoire en : 1989, 1990, 1991, 1993, 1994, 1995, 1997, 1998 et 1999. Après sa retraite sportive, en 2000, il sera élu à la Douma, l’Assemblée du peuple, dans sa ville sibérienne de Novossibrisk.
Les deux visages d’Alexander Karelin :
un lettré, féru de littérature anglaise, et un lutteur terrifiant ses adversaires.



Lutte anglo-américaine dite « libre »

Adoptée par les Jeux Olympiques dès 1904, la « lutte libre » n’aura ses championnats du monde qu’en 1951, à Helsinki en Finlande. Pourtant, aujourd’hui, c’est le style de lutte le plus répandu dans le monde.

Athlètes - Jeux Olympiques (dates des titres) - Championnats du monde (nombre de titres) - Coupes du monde (nombre de titres)
Johan Richthoff de Suède - 1928 ; 1932
Kristjan Palusalu d’Estonie - 1936 (doublé)
Alexander Medved d’URSS - 1964 ; 1968 ;1972 - 7
Soslan Andiev d’URSS - 1976 ; 1980 - 5 - 2
Bruce Baumgartner des Etats-Unis d’Amérique - 1984 ; 1992 - 3 - 7
* Johan Cornelius Richthoff de Suède fut le premier à conserver son titre olympique chez les «plus de 87 kg» en lutte libre (1928, 1932). Les championnats du monde de lutte libre n’existant pas à son époque, il se contenta de 2 titres européens en libre (1929 et 1930) mais aussi d’une couronne continentale en gréco-romaine (1930).

Johan Cornelius Richthoff

* Kristjan Palusalu d’Estonie réussit le doublé lutte libre / lutte gréco-romaine lors des Jeux Olympiques de 1936. Son seul autre titre est continental : les championnats d’Europe 1937 en lutte gréco-romaine. Sa carrière connut un coup d’arrêt définitif avec la Seconde Guerre Mondiale de 1939-1945.

Kristjan Palusalu

* Alexander Medved d’URSS (aujourd’hui de Biélorussie) (1m90, 105 kg) remporta trois titres olympiques en lutte libre : en 1964 (chez les moins de 97 kg) puis en 1968 et 1972 (chez les plus de 97 kg ou plus de 100 kg). Il fut aussi champion du monde en 1962, 1963 et 1966 (chez les moins de 97 kg) et champion du monde 1967, 1969, 1970 et 1971 (chez les plus de 97 kg). Il faut également citer ses 3 titres Européens (1966, 1968, 1972) tous à plus de 97 kg ou plus de 100kg.
Alexander Medved
Triple champion olympique pour l’URSS dans sa jeunesse
puis porte-drapeau de la Biélorussie après l’indépendance, aux JO de 2000


* Soslan Andiev d’URSS (1m98, 116 kg) remporta les championnats du monde « espoirs » de lutte libre en 1969 (chez les « plus de 100 kg »). Dans la même catégorie d’âge, il obtint les titres de champion d’Europe en 1970 et 1972. En 1973, il devient champion du monde « seniors ». En 1974, champion d’Europe « seniors ». Deuxièmes titres européens et mondiaux « seniors » en 1975. Vainqueur de la coupe du monde en 1976. Consécration aux Jeux Olympiques en 1976 : médaille d’or. 1977 : confirmation (et troisième titre « seniors » en championnats du monde. 1978 : quatrième titre mondial « seniors ». 1980 : second titre olympique. 1981 : seconde coupe du monde. Et enfin, en 1982, un dernier titre européen (3ème chez les « seniors » après 2 chez les « espoirs »).

Soslan Andiev
* Bruce Baumgartner des Etats-Unis d’Amérique (1m85, 126 kg), pour l’anecdote, est champion du monde universitaire de lutte libre « plus de 100 kg » en 1981. En 1984, il remporte la coupe du monde « seniors » dans la même catégorie de poids. Cette même année 1984, il obtient le sacre olympique. En 1986, dans la nouvelle catégorie des « moins de 130 kg », il remporte une deuxième coupe du monde puis son premier titre de champion du monde « seniors ». Nouvelle victoire en coupe du monde en 1989 et encore en 1990. Troisième coupe du monde d’affilée en 1991. Second titre olympique en 1992. Champion du monde 1993 (c’est son deuxième titre « seniors »). Victoire en coupe du monde en 1994 (sa 6ème). Championnats du monde 1995 : son troisième titre « seniors ». Coupe du monde 1997 : 7ème et dernière couronne.
Remarque : Les coupes du monde furent instituées en lutte libre dès 1973. Elles opposent des équipes nationales. Elles ont lieu tous les ans, parallèlement aux compétitions individuelles que sont les Jeux olympiques et les championnats du monde. Un titre en Coupe du monde est d’une valeur légèrement inférieure à celle d’un succès aux Jeux Olympiques modernes ou en championnat du monde ; à l’image des Jeux Isthmiques ou Néméens comparés aux Jeux Olympiques ou aux Jeux Pythiques.

Bruce Baumgartner

Lutte japonaise dite « Judo »

Inventé par Jigoro Kano dans les années 1880 à partir de certaines techniques héritées des samouraïs, le « ju-do » est rapidement devenu une discipline internationale. Il fera son apparition, en démonstration, aux JO de 1964 et sera officiellement intronisé en 1972. Les premiers championnats du monde seront organisés à la fin des années 1950. Auparavant, on peut considérer que les championnats « toutes catégories » du Japon avaient une valeur équivalente. C’est pourquoi Masahiko Kimura apparaît dans le tableau, malgré l’absence de succès internationaux.

Athlètes - Jeux Olympiques (date des titres) - Championnats du monde (nombre de titres) - Coupes du monde (nombre de titres)
Masahiko Kimura du Japon - 0 - 0- 0 - mais 12 ans champion du Japon toutes catégories (avant la création des championnats du monde)
Willem Ruska des Pays-Bas - JO 1972 (doublé) - 2 - 0
Yasuhiro Yamashita du Japon - JO 1984 (en « toutes catégories ») - 4 - 0
Hitoshi Saito du Japon - JO 1984 (en « plus de 95 kg » et 1988) - 1 - 0
David Douillet de France - JO 1996 ; 2000 - 4 - 1

* Rétrospectivement, puisque le Judo est devenu sport olympique dans la seconde moitié du XXème siècle, il est intéressant de citer le meilleur judoka de la première moitié du XXème siècle, celui dont la suprématie « toutes catégories » confondues s’est étalée de 1937 à 1949 : Masahiko Kimura du Japon (1m78, 84 kg en 1937, environ 96 kg en 1951 lors de sa célèbre victoire contre Helio Gracie, maître-fondateur du Gracie Jiu-jitsu).

Masahiko Kimura

* Willem Ruska des Pays-Bas remporta les championnats du monde de Judo (« plus de 93 kg ») en 1967 puis encore en 1971. En 1972, il réalisa le doublé «plus de 93 kg» et «toutes catégories» aux Jeux Olympiques.
Willem Ruska

* Yasuhiro Yamashita du Japon décroche son premier titre mondial de Judo chez les « plus de 95 kg » en 1979. En 1981, il réalise le doublé « plus de 95 kg » et « toutes catégories ». En 1983, il ajoute une quatrième couronne mondiale à son palmarès. Enfin, en 1984, il couronne sa carrière par un sacre olympique en « toutes catégories ». Entre 1977 (à l'âge de 19 ans) et sa retraite sportive, il remporte 9 titres "toutes catégories" du Japon et enchaîne 203 victoires consécutives.
Yasuhiro Yamashita

* Hitoshi Saito du Japon devient champion du monde de Judo catégorie « open » en 1983 puis champion olympique « plus de 95 kg » en 1984 (affichant un poids de 145 kg). En 1988, il ajoute un second titre olympique à son palmarès (pesant cette fois 143 kg).

Hitoshi Saito : compétiteur et entraîneur de talent

* David Douillet, 1m96, 125 kg, de France est devenu champion du monde de Judo des « plus de 95 kg » en 1993. En 1995, toujours aux championnats du monde, il réalise le doublé « plus de 95 kg » et « toutes catégories ». En 1996, il obtient son premier titre olympique chez les « plus de 95 kg ». En 1997, il ajoute un quatrième titre mondial dans sa catégorie de prédilection. Malheureusement, il est gravement blessé lors d’un accident de la circulation. Toutefois, démontrant sa force mentale, il revient à la compétition en quelques années et, en 2000, il prend sa retraite sur un second titre olympique.

David Douillet

2 –Boxes («anglaise professionnelle» et «anglaise amateur»)

Voici présentés chronologiquement les champions de boxe professionnelle et/ou amateur qui ont régné pendant au moins huit années sur leur discipline dans la catégorie reine des «poids lourds» ou celle immédiatement inférieure ; selon les époques :
* chez les professionnels :
- « moins de 71,667 kg »,
- « moins de 79,387 kg »,
- « moins de 86,182 kg »
* chez les amateurs :
- « moins de 81 kg » ;
- ou encore « moins de 91 kg ».

Citons quand même quelques noms célèbres qui se sont approchés du seuil des huit années :
- Jack Johnson (1m90, 87 kg) champion de 1908 à 1915 ; soit : 7 années,
- Jack Dempsey (1m85, 85 kg) champion de 1919 à 1926 : 7 années,
- Larry Holmes (1m90, 95 kg) champion de 1978 à 1985 : 7 années ;


Jack Johnson


Jack Dempsey


Larry Holmes

... ainsi que George Foreman (1m93, champion olympique des « plus de 81 kg » en 1968) qui a réussi l’exploit de reconquérir son titre professionnel vingt années après l’avoir perdu : champion du monde professionnel « poids lourds » 1973-74 (à 99 kg) puis 1994-95 (à 113 kg)

George Foreman à 25 puis 45 ans

Athlètes - Jeux Olympiques (dates des titres) - Championnats du monde (nombre de titres et/ou années de règne) - Coupes du monde (nombre de titres).

* Bob Fitzsimmons de Nouvelle-Zélande, Empire Britannique - pas de JO - champion professionnel 6+2 (+2) ans de 1891-97 ("moins de 71,6 kg") ; 1897-99 ("lourds") ; 1903-1905 ("moins de 79 kg")
* Joe Louis des Etats-Unis - pas de JO - champion 12 ans (1937-1949)
* Floyd Patterson des Etats-Unis - JO 1952 ("moins de 75 kg") - champion professionnel 5 ans
(1956-59 ; 1960-62)
* Cassius Clay alias Mohamed Ali des Etats-Unis - JO 1960 ("moins de 81 kg") - champion professionnel 9 ans (1964-68 ; 1974-78 ; 1978-79)
* Joe Frazier des Etats-Unis - JO 1964 - champion professionnel 5 ans (1968-1973)
* Michael Spinks des Etats-Unis - JO 1972 ("moins de 75 kg") - champion professionnel 4+1 ans (1981-85 à "moins de 79 kg" ; "lourds" : 1985-86)
* Teofilo Stevenson de Cuba - JO 1972 ; 1976 ; 1980 - 3 fois champion du monde amateur
* Evander Holyfield des Etats-Unis - disqualifié aux JO - champion professionnel 2+7 ans
(1986-88 à "moins de 86 kg" ; "lourds" : 1990-92 ; 1993-94 ; 1996-99 ; 2000-2001)
* Lennox Lewis du Canada puis d’Angleterre - JO 1988 - 1 fois champion du monde amateur + 9 ans champion du monde professionnel (1992-94 ; 1997-2001 ; 2001-04)
* Felix Savon-Fabre de Cuba - JO 1992 ; 1996 ; 2000 ("moins de 91 kg") - 1+6 fois champion du monde amateur ("junior" puis "senior") - 4 coupes du monde
* Roberto Balado de Cuba - JO 1992 - 1+3 fois champion du monde amateur ("junior" puis "senior") - 2 coupes du monde

Si l’on cumule les trois règnes de Bob Fitzsimmons (1m82, 76 kg chez les « lourds »), on atteint dix années. Toutefois, autant son règne chez les « moins de 71,6 kg » peut être considéré comme une étape vers l’ascension au titre suprême, puisqu’il battit finalement le champion « poids lourds » James J. Corbett (1m82, 81 kg), dont le règne avait été parallèle au sien de 1892 à 1897, autant il est certain qu’il ne fut plus le n°1 toutes catégories confondues après avoir perdu contre James J. Jeffries (1m89, 93 kg). Après sa défaite contre Jeffries (champion des lourds de 1899 à 1905), Fitzsimmons bénéficia en effet de la création d’une nouvelle catégorie de poids (celle des « moins de 79,387 kg ») pour ajouter une nouvelle ceinture à son palmarès : de 1903 à 1905, alors qu’il avait déjà atteint la quarantaine. En conclusion, on peut considérer que Fitzsimmons fut le n°1 toutes catégories confondues avec certitude durant son règne chez les poids lourds (2 années), aller jusqu’à 8 années en ajoutant son règne parallèle à celui de James J. Corbett mais on doit être beaucoup plus réservé sur les deux années supplémentaires dans l’ombre de James J. Jeffries.

Bob Fitzsimmons

Pour les mêmes raisons (multiplication des catégories de poids), on peut également exclure de la liste des meilleurs poids lourds (ou combattants issus des catégories inférieures) Roy Jones Jr, qui accumula les succès dans différentes catégories de poids de 1993 à 2004 (dont celle des poids lourds, brièvement entre 2003 et 2004).

Roy Jones Jr
champion du monde des poids moyens, super-moyens, lourds-légers et lourds

Joe Louis des Etats-Unis sera le deuxième champion du monde noir de l’histoire de la boxe professionnelle. Son règne aura une durée record : de 1937 à 1949. Dans l’intervalle, il disputera 26 combats titre en jeu et signera 26 victoires dont 23 avant la limite. L’essentiel du règne de Joe Louis ayant eu lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), on ne peut le comparer avec les champions de la boxe amateur puisque les Jeux Olympiques de 1940 et 1944 furent annulés. Tout au plus peut-on citer les champions de 1936 et 1948, respectivement : Herbert Runge (Allemagne) et Rafael Iglesias (Argentine).

Joe Louis (1m86 ou 88, 90 à 97kg)


Joe Louis victorieux de Max Schmelling

Avec Floyd Patterson (1m80, 75 kg chez les amateurs, 83 puis 86 kg lors de ses deux règnes professionnels en « poids lourds ») commence la tradition des champions étatsuniens d’abord champions olympiques, chez les amateurs, puis champions du monde chez les professionnels. Il devient champion olympique en 1952. Puis, durant sa carrière professionnelle, Floyd Patterson affrontera et battra le vice-champion olympique 1952 des lourds Ingemar Johansson (Suède) ainsi que le champion olympique 1956 Pete Rademacher (Etats-Unis). Quant à Edward Sanders (1m93), le champion des lourds 1952, il mourut des suites d’un combat en 1954. Floyd Patterson s’emparera du titre mondial « poids lourds », laissé vacant par Rocky Marciano, aux dépends d’Archie Moore en 1956. Il sera ensuite battu par le Suédois Ingemar Johanson (1m84, 89 kg) en 1959 avant de récupérer la ceinture contre le même homme en 1960. Finalement, il perdra définitivement son titre en 1962 contre le dur Sonny Liston (1m84, 97 kg).

Floyd Patterson

En 1960, c’est au tour du jeune Cassius Clay (1m91) de devenir champion olympique (chez les « moins de 81 kg »); plus connu, chez les professionnels, sous le nom de Mohamed/Muhammad Ali. En 1964, Clay (monté à 95 kg en quatre années) battra à la surprise générale Sonny Liston pour le titre mondial professionnel. Il conservera son titre jusqu’en 1968 date à laquelle la justice américaine le destitue pour son refus de participer à la guerre du Vietnam. Pendant trois années, Clay devenu Mohamed Ali, défendra ses droits devant les tribunaux avant d’être à nouveau autorisé à combattre. Il échouera une première fois dans sa reconquête du titre en 1971 contre Joe Frazier mais fera ensuite la démonstration d’une incroyable volonté. Il affrontera et battra les champions olympiques 1964 et 1968 des lourds, respectivement : Joe Frazier (au terme de trois combats d’anthologie) et George Foreman (dans un combat tout aussi historique, en 1974, à Kinshasa, au Zaïre). Sa carrière au sommet se poursuivra jusqu’en 1979 (retraite volontaire) après avoir récupéré une troisième fois sa ceinture, des mains de Leon Spinks (encore un champion olympique devenu champion professionnel), son vainqueur de 1978.

Cassius Clay, champion olympique 1960 puis champion du monde professionnel 1964 ...


... adopte le nom de Mohamed Ali. Il est élu sportif du siècle grâce à son charisme et son engagement politique : «Aucun Viet-cong ne m’a jamais traité de sale nègre»

Coincé entre deux géants (Ali et Stevenson), Joe Frazier (1m82, 96 kg), champion olympique 1964 des « plus de 81 kg » bénéficia de la destitution de Mohamed Ali par la justice américaine pour récupérer le titre mondial professionnel en 1968, contre Buster Mathis (1m91, 111 kg). Il valida son titre par sa victoire de 1971 contre l’ancien champion. Mais sa domination s’arrêta en 1973 contre George Foreman.

Joe Frazier
champion olympique 1964 et champion du monde pro 1968-1973


1972 est l’année de l’émergence d’un autre champion iconique Teofilo Stevenson (1m92, 93 kg). Avec lui commence la domination de Cuba sur la boxe amateur. Il devient triple champion olympique (1972, 1976, 1980) et triple champion du monde amateur (1974, 1978, 1986) à une époque où les championnats n’avaient lieu que tous les quatre ans. Il ne perdra qu’un championnat du monde (en 1982, battu par Francesco Damiani) et ne pourra participer à une deuxième compétition mondiale : les Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, Cuba boycottant cet événement.

Teofilo Stevenson
Les promoteurs de boxe essaieront, en vain, de monter un combat professionnel entre Muhammad Ali et Teofilo Stevenson, leurs carrières se chevauchant en effet entre 1972 et 1979.

Michael Spinks (1m87) devient champion olympique des « moins de 75 kg » en 1972, en même temps que son frère Leon (chez les « moins de 81 kg ») tandis que Teofilo Stevenson capturait la couronne des lourds. Chez les professionnels, Michael Spinks régna chez les « moins de 79 kg » parallèlement à Larry Holmes (1m90, 95 kg) roi des lourds de 1978 à 1985. Invaincu mais dans l’ombre de ces deux géants, il connaîtra enfin la reconnaissance en 1985 en battant Larry Holmes pour devenir champion du monde poids lourds. Il se retirera en 1986 invaincu … mais comme tant d’autres avant et après lui, reviendra sur le ring quelques années plus tard pour se faire détruire par un certain Mike Tyson.

Michael Spinks

Evander Holyfield (1m88 pour 94, 98, 97 puis 100 kg selon ses règnes) des Etats-Unis ne peut s’emparer du titre olympique de 1984, disqualifié en demi-finale. Passé chez les professionnels, il devient champion des « moins de 86,182 kg » en 1986 et unifie toutes les fédérations WBA, WBC et IBF qui fragmentent la valeur de l’appellation « champion du monde ». En 1988, il abandonne ses ceintures pour passer chez les « poids lourds ». Il s’empare du titre unifié, en 1990, contre James Buster Douglas (1m90, 105 kg). Battu par Riddick Bowe (1m96, 106 kg) en 1992, il reconquiert le titre en 1993 contre le même adversaire. Mais en 1994, il le cède face à Michael Moorer, issu des lourds-légers (1m88, 97 kg). En 1996, contre toute attente, Evander Holyfield s’empare une troisième fois du titre contre Mike Tyson (1m80, 100 kg) pour ne le céder qu’en 1999 contre Lennox Lewis (1m96, 110 kg). L’année suivante, en 2000, Holyfield s’empare du titre WBA d’une valeur moindre, contre John Ruiz (1m88, 108 kg) qui lui reprend la ceinture début 2001.

Evander Holyfield

Lennox Lewis (1m96, 106 à 114 kg selon les règnes) du Canada puis d’Angleterre est champion du monde « juniors » amateur en 1983 et vainqueur des Jeux Olympiques en 1988 chez les « plus de 91 kg » puis triple champion du monde professionnel chez les poids lourds : 1992-1994 (WBC), 1997-2001 (Unifié), 2001-2004 (WBC-IBF).

Lennox Lewis
Felix Savon de Cuba (1m94 ou 1m98, 91 kg) : triple champion olympique chez les « moins de 91 kg » en 1992, 1996, 2000, champion du monde « juniors » en 1985 et sextuple champion du monde « seniors » : 1986, 1989, 1991, 1993, 1995 et 1997, aurait même pu obtenir un quatrième titre olympique sans le boycott des Jeux de 1988 par Cuba (puisqu’il était déjà le champion du monde en titre). A également remporté les coupes du monde de 1987, 1990, 1994, 1998. Le seul titre mondial qui lui ait échappé est celui de 1999 quand il boycotta la finale de la compétition dont il était le favori pour protester contre l’arbitrage qui pénalisait ouvertement les Cubains … Mais il bénéficia également d’un de ses titres mondiaux grâce à la destitution de son vainqueur en finale : Ruslan Chagaev, accusé de professionnalisme.

Felix Savon Fabre

Roberto Balado Mendez (1m80, 92 kg et plus) de Cuba remporte le titre mondial « juniors » en 1987 chez les « moins de 91 kg ». Il passe ensuite chez les « plus de 91 kg » où il remportera les championnats du monde (1989, 1991, 1993) ; les coupes du monde (1990, 1994) et surtout les Jeux olympiques (1992). Malheureusement, il perdra prématurément la vie dans un accident de la circulation alors qu’une somptueuse carrière s’ouvrait devant lui.
Roberto Balado Mendez

lundi 11 juin 2007

Avant les résultats ...

Avant de dévoiler les classements des meilleurs lutteurs, pugilistes, pancratiastes et combattants polyvalents de l’Histoire, il s’avère nécessaire d’anticiper certaines réserves :

1- « Les combattants du passé ne pourraient pas rivaliser physiquement avec ceux d’aujourd’hui »
2- « Les titres contemporains sont réellement mondiaux tandis que, durant l’Antiquité, seuls quelques peuples voire une frange de la population s’adonnaient aux sports de compétition »

mercredi 6 juin 2007

Les gabarits antiques comparés aux modernes

Evolution de la taille et du poids moyens

« 1m70 en 1960, 1m76 en 2000 … A première vue, la taille moyenne des Français [représentatifs des pays industrialisés] grimpe à toute allure depuis quelques décennies. Cette croissance va-t-elle s’observer dans la durée ? « Pas éternellement », précise Jean-Claude Pineau, chercheur au laboratoire de Dynamique de l’évolution humaine. « Avec l’amélioration des conditions de vie, on a connu effectivement une période phare de croissance autour des années 1970-1980 mais, aujourd’hui, le phénomène est déjà en train de se stabiliser. « Pour des raisons génétiques, la taille moyenne maximale de l’homme s’arrêtera probablement aux alentours de 1m80 ».
A ce propos, gare aux raccourcis trop hâtifs : ce qui augmente, c’est uniquement la taille moyenne. On trouve bien parmi nos ancêtres de grands spécimens : un homme de Cro-Magnon affichait 1m87 sous la toise et François Ier : 1m96 [au XVIème siècle] ».
Muriel Valin
dans Science & Vie n°235 – juin 2006


« La sagesse populaire prétend que, pour bien grandir, il faut bien manger. De fait, les scientifiques l’ont vérifié : il y a bien un lien entre la richesse de l’alimentation et la croissance humaine. Pour se développer, on a besoin d’énergie et celle-ci est apportée par les aliments. Apparemment la croissance de dépend pas d’aliments particuliers : peu importe le menu pourvu que la nourriture soit suffisamment variée pour combler nos besoins, en protéines et en vitamines notamment.
A la condition expresse toutefois de rester en bonne santé. Car, en cas de maladie, une partie de l’énergie tirée de la nourriture est utilisée pour combattre les microbes. D’où l’importance d’être soigné vite et bien. Cela explique en partie les différences de stature observées entre les habitants des pays riches et ceux des pays pauvres. Ou à l’intérieur d’un même pays, entre familles riches et familles pauvres. S’il n’existe pas, comme en France, un système de Sécurité Sociale, les plus pauvres ne se soignent pas ou mal, et sont moins grands en moyenne que les plus riches.
Comme l’a rappelé l’Organisation mondiale de la santé : « Jusqu’à cinq ans, les différences de taille sont davantages influencées par la nutrition, l’environnement et les soins de santé que par la génétique et l’origine ethnique. »
Après cinq ans, un autre facteur que la maladie vient limiter le développement des enfants : le travail. En France, nous avons connu cette situation jusqu’au XIXème siècle : les enfants des familles pauvres étaient alors employés dans les mines, les champs ou les ports. On leur faisait porter des charges trop lourdes pour leur gabarit. Ils s’y esquintaient la santé et brûlaient toute l’énergie qu’ils auraient dû employer pour grandir. La différence de taille entre un maçon et un médecin pouvait atteindre 12 à 15 cm au XIXème siècle. »
« Toujours plus grands ? » par Adélaïde Robert-Géraudel
dans Science & Vie Junior n°204 – Septembre 2006


Compte tenu des (extraits d’) articles ci-dessus, il apparaît clairement que la taille moyenne de la population a considérablement augmenté par rapport aux siècles passés grâce à l’alimentation, à la médecine et la scolarisation des enfants quelle que soit leur origine sociale.
Mais ce changement ne concerne que la population dans son ensemble. Dès l’Antiquité, les plus riches, les nobles, disposaient d’une nourriture abondante, des meilleurs soins et faisaient instruire leurs enfants par des précepteurs réputés. Chez les Grecs, l’éducation physique était même partie intégrante de l’instruction donnée aux jeunes aristocrates.

Même limités à une tranche aisée de la population, celles des nobles et par conséquent des métiers d’armes, les grands gabarits, c’est-à-dire les poids lourds, ont de tout temps existé.

Taille et poids des champions de l’Antiquité

On possède bien évidemment peu d’informations chiffrées sur les combattants antiques étant donné qu’ils attachaient peu d’importance aux records mesurables. Seule la victoire (à caractère divin puisque Nikê, la déesse de la victoire, était envoyée par Zeus lui-même) comptait.

Toutefois, certains gabarits ou tour de force exceptionnels nous sont quand même connus, par des textes, par des statues iconiques (c’est-à-dire : à l’image de celui qu’elle représente ; « grandeur nature ») ou par des épigrammes gravés à même la roche.

Lygdamis de Syracuse est le premier vainqueur de l’épreuve de pancrace à Olympie en 648 av. JC. Il était massif et mesura le stade (192,24 m) avec ses pieds : en 600 longueurs. Si l’homme était bien proportionné, on peut estimer sa taille à 1m92.

Bybon, fils de Pholos, ayant vécu au VIème siècle avant JC, est connu pour avoir soulevé une pierre de 143 kg et l’avoir tenu au-dessus de sa tête d’un bras. La pierre gravée a été retrouvée à Olympie.


Eumastas, fils de Critobulus, souleva quant à lui, du sol, une pierre pesant dans les 400 kg. Cette pierre, avec l’inscription, fut retrouvée à Santorin.

Milon de Crotone, six fois vainqueur à la lutte à Olympie (entre 540 et 516 av. JC) et sept fois à Delphes, était aussi célèbre pour son appétit et ses tours de force. Ainsi, lors de Jeux Olympiques, il porta un taureau de 4 ans sur ses épaules sur toute la longueur du stade (environ 200m) pour l’offrir en sacrifice à Zeus. Une bête de cet âge devait peser plus de 400 kg. D’ailleurs, on raconte aussi qu’il posa la statue le représentant sur son socle, statue dont le poids fut estimé à 900 kg !

Glaukos de Karystos, capable d’assommer ses adversaires avec un « coup du marteau » donné de haut en bas sur le crâne, mesurait 5 coudées moins 4 doigts soit environ 2m15. Il fut vainqueur à Olympie en 520 av. JC et obtint un total de 19 à 22 titres panhelleniques.

Une copie (d’un bronze original) en marbre, datant de 336 avant JC, trouvée à Delphes montre Agias de Pharsalos mesurant 2m09.

Agias de Pharsalos fut couronné à Olympie en pancrace en 484 av. JC et trois fois à Pythô, ce qui lui valut d’être statufié à son image (« statue iconique »), grandeur nature, à Delphes. Les membres de sa famille possédaient de gros gabarits puisque son frère Telemachos remporta l’épreuve de lutte la même année. Agias remporta également 5 fois les Jeux Isthmiques et 5 fois les Jeux Néméens. Ce palmarès (14 couronnes panhelléniques) fait de lui l’un des meilleurs pancratiastes de tous les temps (l’un des dix à avoir remporté soit 3 titres olympiques, soit 3 titres pythiques, en onze siècles).
Agias de Pharsalos

Diagoras de Rhodes, père de trois vainqueurs olympiques et grand-père de deux autres vainqueurs olympiques, ayant lui-même remporté les Jeux de 464 av. JC en pugilat, mesurait 4 coudées et 6 doigts soit une taille d'environ 1m95.

Aristodamos d’Elis, vainqueur en lutte aux JO de 388 av. JC, était si massif que personne ne pouvait faire le tour de son corps avec les bras. Un physique de « sumotori », probablement.

Polydamas de Skotoussa, vainqueur en pancrace aux Jeux Olympiques de 408 av. JC, fut le plus grand mortel ayant jamais vécu selon Pausanias, historien du IIème siècle après JC.

Polydamas de Skotoussa

Il dépassait très largement les 2m puisque c’était déjà la taille d’un certain Herodoros de Megara, célèbre trompettiste (vainqueur des Jeux Olympiques de 328 à 292 av. JC dans cette discipline). Il combattait les lions à mains nues, arrêtait la course d’un char, immobilisait des taureaux et pouvait se défaire de plusieurs hommes armés (entre autres exploits).

Combattant un lion à mains nues comme Herakles (Hercule)

L’équivalent de Polydamas dans la Bible, le Philistin Goliath, est celui qui incarne le mieux le gigantisme. Goliath de Gath, guerrier qui vécut vers 1060 avant JC, aurait mesuré six coudées et une paume, soit 2m90. Toutefois, cette affirmation serait dûe à l’exagération des chroniqueurs selon l’historien hébreu Flavius Joseph (37-95 ap. JC). S’appuyant sur certains manuscrits des Septantes (la traduction grecque de l’Ancien Testament la plus ancienne), il ne lui attribue que quatre coudées et une paume grecques, soit 2m08. Et c’est en effet dans l’intervalle 2m04 à 2m40 que la plupart des historiens contemporains situent la taille réelle de Goliath.

En conclusion, même si les gabarits moyens de l’époque étaient certainement inférieurs à ceux d’aujourd’hui (jadis environ 1m60, 60 kg contre 1m75, 75kg désormais dans les pays industrialisés), les « poids lourds » de l’Antiquité (certes moins nombreux) devaient correspondre à ceux d’aujourd’hui. La preuve avec des gabarits de 1m92 (Lydamis), environ 1m95 (Diagoras), 2m09 (Agias), environ 2m15 (Glaukos) et encore au-delà (Polydamas). Sans parler des très gros comme Aristodamos et ceux connus pour leur appétit insatiable ou capables de s’entraîner avec un taureau (Milon, Astyanax, etc).


Taille et poids des champions des XVIIIème et XIXème siècles

Les meilleurs boxeurs britanniques (Anglais, Irlandais et Etatsuniens) de cette période furent :
- James Figg : 1m83, 84 kg en 1719, et qui régna jusqu’en 1730
- Jack Broughton : 1m81, 90 kg en 1738, champion jusqu’en 1750
- Jack Slack : 1m75, 92 kg en 1750, champion jusqu’en 1760
- Tom Cribb : 1m77, 90 kg en 1809 et qui régna jusqu’en 1822
- John L. Sullivan : 1m78, 86 kg en 1882 et qui régna jusqu’en 1892

La moyenne pour ces champions de boxe à poings nus est de 1m79 pour 88 kg.
Et sur l’ensemble des gabarits répertoriés de 1719 à 1892, c’est-à-dire plusieurs dizaines de champions du monde (voir en annexe), la moyenne atteint 1m80 pour 83 kg.

On peut penser qu’à quelques exceptions près (des «héros» de plus d’1m90 voire des «géants» de 2m), les pugilistes antiques correspondaient à ces gabarits approchant les 1m80 et les 90 kg.
Les plus grandes tailles enregistrées chez des champions des XVIIIème et XIXème siècles furent celles de :
- « Big Ben » Caunt (1m87) champion du monde de 1840 à 41 puis encore de 1841 à 45 (mais qui évitera un challenger nommé Freeman d’une taille exceptionnelle : 2m07).
- John Camel Heenan (1m87 ou 1m90 selon les sources), champion aux Etats-Unis de 1860 à 1863
- Paddy Ryan (1m95), surnommé le « Géant de Troie » (car natif de Troy), devenu champion des Etats-Unis et du monde lors de son premier combat (1880-1882)

Qu’en est-il pour les lutteurs ? Le moyen le plus simple est de faire l’amalgame avec les meilleurs sumotoris (ceux ayant atteint le rang de « yokozuna » ; appelé à l’origine « hinoshita kaizan ») jusqu’à la fin du XIXème siècle.

Si l’on excepte les trois premiers yokozunas de l’histoire, dont les gabarits sont incertains, ...
Akashi Shiganosuke

Ayagawa Goroji

Maruyama Gontazaemon

... et que l’on utilise les données concernant les yokozunas de Sumo des XVIIIème et XIXème siècles, on peut se faire une idée des gabarits des lutteurs de l’Antiquité.
Epreuve « lourde » par excellence, la lutte « orthopale » exigeait en effet une masse qui ne correspond pas aux lutteurs modernes de lutte « gréco-romaine » ou de lutte « libre » puisque, dans ces deux sports olympiques, désormais (depuis 1985 plus précisément) la catégorie des poids lourds est définie par un poids maximum (!). Comble du sport dédié à la médiatisation et au spectacle basé sur les mouvements spectaculaires, dorénavant si l’on pèse plus de 120 kg, on ne peut plus participer à des compétitions internationales. A moins de se tourner vers le Judo ou le Sumo. Il va sans dire que cette limitation n’existait absolument pas pendant l’Antiquité. Au contraire, la suralimentation était conseillée !

Liste des yokozunas de Sumo des XVIII et XIXèmes siècles.

4 – Tanikaze (1750-1795) : 1m89, 162 kg yokozuna de 1789 à 1794
5 – Onogawa (1758-1806) : 1m76, 142 kg yokozuna de 1789 à 1797
6 – Onomatsu (1791-1851) : 1m73, 135 kg yokozuna de 1828 à 1835
7 – Inazuma (1795-1877) : 1m88, 145 kg yokozuna de 1830 à 1839
8 – Shiranui I (1801-1854): 1m76, 135 kg yokozuna de 1842 à 1844
9 – Hidenoyama (1808-1862): 1m64, 150 kg yokozuna de 1847 à 1850
10 – Unryu (1822-1890): 1m78, 135 kg yokozuna de 1861 à 1865
11 – Shiranui II (1825-1879): 1m77, 120 kg yokozuna de 1863 à 1869
12 – Jinmaku (1829-1903): 1m74, 138 kg yokozuna en 1867
13 - Kimenzan (1826-1871): 1m88, 140 kg yokozuna de 1869 à 1870
14 - Sakaigawa (1841-1887): 1m70, 128 kg yokozuna de 1877 à 1881
15 - Umegatani I (1845-1928): 1m76, 105 kg yokozuna de 1884 à 1885
16 - Nishinoumi I (1855-1908): 1m76, 127 kg yokozuna de 1890 à 1896
17 – Konishiki I (1866-1914): 1m68, 130 kg yokozuna de 1896 à 1901

La moyenne atteinte par ces lutteurs de corpulence exceptionnelle est de 1m77 pour 135 kg.


Taille et poids des champions du XXème siècle

Au XXème siècle se généralise la notion de « catégorie de poids ». Auparavant, les sports de combats étaient appelés des épreuves « lourdes », parce que la plupart du temps, c’était les « poids lourds » qui s’y illustraient. En compartimentant les pratiquants, la force physique brute devient secondaire. Les sports de combat modernes évoluent vers plus de technique. Les combattants se spécialisent et des morphotypes apparaissent.

Morphotype du boxeur : longiligne, élancé

Taille Poids
2m15 130 kg
2m10 119 kg
2m05 109 kg
2m 100 kg
1m95 92 kg
1m90 84 kg
1m85 77 kg
1m80 71 kg
1m75 65 kg
1m70 59 kg
1m65 54 kg
1m60 50 kg
1m55 46 kg
1m50 42 kg

Morphotype du pancratiaste : athlétique, bien proportionné
Taille Poids
2m15 154 kg
2m10 141 kg
2m05 130 kg
2m 119 kg
1m95 109 kg
1m90 100 kg
1m85 92 kg
1m80 84 kg
1m75 77 kg
1m70 71 kg
1m65 65 kg
1m60 59 kg
1m55 54 kg
1m50 50 kg

Morphotype du lutteur : massif, trapu
Taille Poids
2m15 183 kg
2m10 168 kg
2m05 154 kg
2m 141 kg
1m95 130 kg
1m90 119 kg
1m85 109 kg
1m80 100 kg
1m75 92 kg
1m70 84 kg
1m65 77 kg
1m60 71 kg
1m55 65 kg
1m50 59 kg

Morphotype du sumotori : surcharge pondérale poussée à l’extrême
Taille Poids
2m15 259 kg
2m10 238 kg
2m05 218 kg
2m 200 kg
1m95 183 kg
1m90 168 kg
1m85 154 kg
1m80 141 kg
1m75 130 kg
1m70 119 kg
1m65 109 kg
1m60 100 kg
1m55 92 kg
1m50 84 kg

Quelques exemples de combattants :

Felix Savon Fabre (Cuba) 1m94 ou 98, 91 kg boxeur


Kazushi Sakuraba (Japon), 1m80, 83 kg, “ free-fighter” = pancratiaste


David Douillet (France), 1m96, 127 kg, judoka =lutteur


Tanikaze (Japon), 1m89, 162 kg, sumotori


Les boxeurs Noirs d’Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada) et des Caraïbes (Cuba), descendants des peuples d’Afrique de l’ouest (Yorubas, etc) ont dominé la seconde moitié du XXème siècle. Plus longilignes et progressivement plus lourds, voici les meilleurs boxeurs amateurs et professionnels modernes :
- Joe Louis : 1m86, 90 kg en 1937 et qui régna jusqu’en 1949
- Cassius Clay alias Mohamed Ali : 1m90, 81 kg en 1960 puis entre 95 et 100 kg de 1964 à 1979 (durant sa carrière professionnelle)
- Teofilo Stevenson : 1m92, 93 kg
- Lennox Lewis : 1m96, de 106 à 114 kg entre 1992 et 2004 (durant sa carrière professionnelle) - Felix Savon-Fabre : 1m94 ou 98, 91 kg
- Roberto Balado-Mendez : 1m80, 92 kg ou plus

Les tailles records, parmi les champions professionnels, sont à compter parmi les « champions de l’alphabet » (ayant porté l’une des ceintures WBA, WBC, IBF ou WBO sans pour autant devenir l’indiscutable champion du monde professionnel) :
- Vitali Klitschko (2m02)
- Henry Akinwande (2m)
- Wladimir Klitschko (2m ou 1m98, selon les sources)
Mais il faut aussi se souvenir de :
- Primo Carnera (1m97), champion de 1933 à 1934
- Jess Willard (1m96), champion de 1915 à 1919
- Lennox Lewis (1m96), champion à trois reprises entre 1992 et 2004
- Riddick Bowe (1m95),
- George Foreman (1m93)

Dominées par les Russes ou plus généralement par les ressortissanst de l’ex-URSS, les épreuves de luttes olympiques ont vu émerger des colosses. Voici quelques lutteurs modernes aux poids encore supérieurs aux « poids lourds » de la boxe :
- Aleksander Medved : 1m90, 105 kg
- Soslan Andiev : 1m98, 116 kg
- Aleksander Koltschinski : 1m93, 119 kg
- Burce Baumgartner : 1m85, 126 kg
- Aleksander Karelin : 1m91, 130 kg
- David Douillet : 1m96, 125 kg

Un grand champion mérite d’être signalé malgré son physique atypique : le spécialiste de Judo/Ju-Jitsu (donc peut-être plus orienté « sol ») : Masahiko Kimura : 1m78, 84 kg en 1937 et, après sa retraite sportive de 1949, estimé à 96 kg (en 1950 ou 1951).

Gabarits records

Poids

Le poids maximum atteint par un lutteur contemporain fut 187 kg (pour 1m96), lors des Jeux Olympiques, par l’Etatsunien Chris Taylor (lutteur amateur puis professionnel au delà de 227 kg) qui fut médaille de bronze aux Jeux Olympiques de 1972 (remportés par le bien plus léger Aleksander Medved ... avec lequel Taylor avait fait "match nul" au premier tour).

Chris Taylor

Le record pour un « free-fighter » est 272 kg (pour 2m ou 2m03 selon les sources), poids atteint par le champion du monde de sumo amateur 1995 Emmanuel Yarborough qui se reconvertit au « combat libre » pour 3 combats seulement (UFC, Shooto, Pride).

Emmanuel Yarborough

Le poids maximum atteint par un sumotori fut 275 kg (pour 1m84) par Konishiki (originaire d’Hawaï) qui atteignit le rang d’ozeki (« champion ») et remporta 3 bashos (« tournois de l’Empereur ») dans sa carrière professionnelle.

Konishiki de son vrai nom Salevaa Atisanoe

Enfin, le poids record pour atteint par un sportif fut celui d’un lutteur professionnel (comprendre « catcheur » avec toutes les incertitudes que cela comporte) : selon certaines sources : Benny McGuire avec un poids de 369 kg qui devancerait ainsi l’Américain William J. Cobb surnommé « Happy Humphrey », pesé à 363 kg en 1962, et le frère jumeau de Benny : Billy McGuire qui accusait 356 kg sur la balance !


Taille

Le plus grand lutteur connu (toutes disciplines de préhension confondues) fut le sumotori du XIXème siècle Ozora avec 2m20.

Le plus grand boxeur professionnel, cité par le Livre Guiness des Records, est le Roumain Gogea Mitu qui mesurait 2m23 (pour 148 kg) en 1935.
Mais on peut également citer deux champions toujours possesseurs d’un titre début 2007 :
- Semmy Schilt (Pays-Bas), 2m12, vainqueur des K1 Grand Prix 2005 et 2006;
- et Nikolay Valuev (Russie), 2m13, champion du monde WBA de Boxe Anglaise

Valuev lors de sa conquête de titre contre John Ruiz (1m88)

Enfin, le « free-fighter » (anciennement, on aurait dit pancratiaste) le plus grand de ces dernières années, est un ancien joueur de basket-ball, le Brésilien Paolo Cesar « Giant » Silva présenté par les promoteurs du Pride FC comme atteignant 2m30 pour 230 kg (données révisées par le site www.sherdog.com à 2m18 pour 175 kg).

Paolo Cesar « Giant » Silva