mercredi 16 mai 2007

4 – Combattants polyvalents

En ne conservant que ceux ayant un minimum de dix années de règne (pour ne pas alourdir la présentation), il ne reste plus que quatre champions, tous antiques, parmi les meilleurs combattants polyvalents de tous les temps.

Classement - Athlètes - Titres de référence - [conversion en années] - durée du règne
1 - Theogenes de Thasos - 2 fois olympionique et 3 fois pythionique mais aussi un cumul de 19 titres isthmiques ou néméens - conversion en années : moyenne de : [(2+3) x 2 = 10] et de [10 + 9 = 19] - durée : 15 ans environ
2 - Titus Flavius Archibius d’Alexandrie - 2 fois olympionique, 4 fois pythionique et 4 fois vainqueur de l’Agon Capitolin - [(2+4+4) x 4/3] - durée : 14 années environ
3 ex aequo - Straton d’Alexandrie - 3 fois olympionique et 2 à 4 fois pythionique - [3 x 4] - durée : 12 années environ
3 ex aequo - Kleitomachos de Thèbes - 2 fois olympionique et 3 fois pythionique - [pancrace = (1+3) x 2; pugilat = (1x2) + 1; lutte = 1] - durée : 12 ans environ

L’homme le plus grand « de tous les temps » (depuis que les données sont vérifiables scientifiquement) ne fut pas un sportif. Né en 1918 et mort en 1940, Robert Pershing Wadlow atteignit 2m72 et avait pesé jusqu’à 223 kg (199 kg le jour de sa mort). A l’âge de 9 ans, il était capable de porter son père (qui mesurait 1m82 et pesait 72 kg) jusqu’en haut des escaliers de la maison familiale. A cet âge-là, Robert Wadlow mesurait 1m89 pour 82 kg !

Cet exploit n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Théogènes de Thasos (champion de Pugilat et de Pancrace entre 490 et 473 av. JC) qui s’était rendu célèbre, lui aussi, à l’âge de 9 ans, pour avoir porté une statue de bronze que peu d’hommes adultes de son époque auraient pu déplacer.

On dit aussi de Théogènes de Thasos qu’il remporta entre 1200 et 1400 couronnes (victoires) lors de sa glorieuse carrière (Il était considéré comme le 2ème plus grand champion des sports de combat de l’Antiquité derrière Milon de Crotone). Ce nombre n’est pas si impossible qu’il y paraît puisque le Livre Guiness des Records cite deux boxeurs (de l’époque contemporaine) ayant livré plus de 1000 combats :
- Bobby Dobbs : 1024 combats au cours de sa carrière ;
- et Abraham Hollandersky alias Abe « Le crieur de journaux » avec quelques 1309 combats de 1905 à 1918 (un bon nombre d’entre eux étant tout de même des exhibitions).

La polyvalence de Théogènes lui permit même de remporter une course de fond (le dolique, proche du 5000m moderne) lors d’une compétition à Phthia, patrie du célèbre Achille « aux pieds agiles ».

Ce Théogènes/Théagènes tenait donc du pugiliste (essentiellement), du pancratiaste (au moins pour 2 de ses 24 titres majeurs) mais aussi un peu du coureur de fond (ce qui semble complètement contradictoire avec ses prédispositions pour les épreuves lourdes), et, pour couronner le tout, il fut extrêmement précoce dans son développement, capable de prouesses musculaires bien supérieures aux adultes moyens de son époque.


Pugilistes antiques et Théagènes dans un combat de pugilat

Pour se représenter ce champion qui fut coureur, pugiliste puis pancratiaste, on pourrait imaginer un adolescent/jeune homme au physique de Carl Lewis (1m88, 80kg) qui aurait conquis toutes les couronnes aux Jeux Isthmiques et Néméens entre 490 et 483 av. JC mais sans remporter les plus importantes : celles des Jeux Pythiques et Olympiques (y subissant notamment une cuisante défaite face à Euthymos de Locres Epizéphyriennes à son entrée dans la catégorie « andres » -21 ans et plus- en 484 av. JC). Mais à partir des Jeux Pythiques de 482 av. JC, il remportera absolument tous les titres. Il sera notamment périodonique en pugilat (six titres dont les JO de 480 et les JP de 478) puis périodonique en combinant pugilat et pancrace (six titres dont les JO de 476 et les JP de 474 av. JC). Son physique aurait alors été comparable à celui du kick-boxeur (à mi-chemin entre pugilat et pancrace) Ernesto Hoost : 1m89, de 88 à 107 kg (lors de ses victoires en K2 et K1) … soit +1 ou 2 kg par an.

1 commentaire:

Je a dit…

Non seulement Théagènes de Thasos établit une impressionnante main mise sur le pugilat avec cestes, malgré un compatriote parmi les meilleurs pugilistes de tous les temps (Euthymos de Locres) mais en plus il se permit d'aller défier d'excellents pancratiastes sur leur terrain.

Ainsi, à une époque où le géant Agias de Pharsalos (2m09) régnait sur le pancrace, "l'imberbe" Théagènes de Thasos eut le culot de tenter un doublé pugilat/pancrace en 486 av. J-C (année où Agias remportait pourtant ses deuxièmes Jeux Pythiques, deux ans avant son plus grand succès lors des Jeux Olympiques de 484 av. J-C).

Bien plus tard, en 476 av. J-C, alors que le pancrace s'était trouvé un nouveau maître en la personne de Kallias d'Athènes (déjà vainqueur des Jeux Pythiques de 478 av. J-C et bientôt des Jeux Olympiques de 472 av. J-C), Théagènes de Thasos fit une nouvelle irruption dans ce sport de combat éprouvant et y décrocha le titre olympique obligeant Kallias a attendre quatre années supplémentaires !

Extrêmement précoce (la force d'un homme adulte à seulement 9 ans) et probablement encore plus orgueilleux, Théagènes régna quasiment sans partage de 15 ans (premier âge où on est autorisé à participer aux épreuves lourdes) à 33 ans. Il voulut inscrire son nom dans la postérité en accomplissant ce que personne n'avait réussi avant lui : s'imposer dans deux sports de combat différents.

Il régna ainsi 13 années sur le pugilat (autant que Mohamed Ali ou Glaukos de Karystos) mais en plus 2 années sur le pancrace (autant que Royce Gracie ou Antonio Rodrigo "Minotauro" Nogueira).