mardi 10 juillet 2007

1 – En Lutte « Orthopale »

Athlètes - Jeux Olympiques (dates des victoires) - Jeux Pythiques (nombre de titres) - Jeux Isthmiques (nombre de titres) - Jeux Néméens (nombre de titres)
Hipposthenes de Sparte - 632 ; 624 ; 620 ; 616 ; 612 ; 608 av. JC - n’existaient pas encore - n’existaient pas encore - n’existaient pas encore
Hetoimokles de Sparte - 604 ; 600 ; 596 ; 592 ; 588 av. JC - n’existaient pas encore - n’existaient pas encore - n’existaient pas encore
Milon de Crotone - 540 ; 532 ; 528 ; 524 ; 520 ; 516 av. JC - 7 - 10 - 9
Leontiskos de Messene - 456 ; 452 av. JC - 1 - ? - ?
Theopompos II d’Heraia - 440 ; 436 av. JC - ? - ? - ?
Euthymenes de Mainalos - 400 ; 392 av. JC - ? - ? - ?
Aristodamos d’Elis - 388 av. JC - 2 - 0 -2
Chairon de Pellene - 356 ; 352 ; 348 ; 344 av . JC - ? - 2 ? - 2 ?
Cheilon de Patrai - 332 ; 328 av . JC - 2 - 4 - 3
Anauchidas d’Elis - 2 victoires - ? - ? - ?

Remarque : Les Jeux Pythiques, Isthmiques et Néméens n’ayant été instaurés, respectivement, qu’en 586, 580 et 573 avant JC, Hipposthenes de Sparte (vainqueur entre 632 et 608 av. JC) et son fils Hetoimokles de Sparte (vainqueur de 604 à 588 av.JC) n’ont pu y participer.

* Hipposthenes de Sparte remporta son premier titre olympique dans la catégorie « paides », littéralement « enfants » (juniors), en 632 av. JC. C’est d’ailleurs lui qui inaugura cette catégorie d’âge. Une fois adulte (senior), il revint à Olympie et y gagna cinq titres d’affilée : en 624 ; 620 ; 616 ; 612 et 608 av. JC.


* Son fils, Hetoimokles, remporta l’épreuve de lutte catégorie « paides » en 604 av. JC puis enchaîna quatre titres catégorie « andres » (hommes adultes) en 600 ; 596 ; 592 et 588 av. JC.

* Milon fils de Diotimos de Crotone était un aristocrate d'une cité de la "Grande Grèce", au sud de l'Italie. Couronné une première fois à Olympie alors qu'il n'était qu'un adolescent (en 540 av. JC), il ajouta ensuite 5 nouvelles couronnes consécutives de 532 à 516 av. JC. Il complétera ces 6 titres olympiques par 7 victoires aux Jeux Pythiques (épreuves presque aussi prestigieuses qui se déroulaient à Delphes tous les 4 ans). Milon ne connaîtra sa première défaite qu'en 512 av. JC, pas parce qu'il était moins puissant que son adversaire mais parce que celui-ci l'épuisa à force d'éviter ses attaques, alors que Milon avait largement dépassé la quarantaine. Cet homme doté d'une force surhumaine aimait à l'exhiber en tenant dans sa main une grenade et en défiant quiconque de lui ouvrir les doigts ou d'écraser le fruit en les serrant. Pour s'entraîner, il soulevait un veau tous les matins et le portait jusqu'à ce qu'il devienne adulte. Il fut 5 fois periodonique à l'âge adulte après l'avoir été enfant, ce qui n'arriva plus à un jeune athlète avant Moschos de Colophon (en 200 av.JC).Une épigramme attribuée à Simonide attribue une septième victoire olympique à Milon : "Milone Olympioniko Eptakis", quand Timasithéos de Crotone avait refusé de se mesurer à lui. Milon était non seulement imbattable à la lutte debout (orthopale) mais aussi à la lutte de soumission, discipline non olympique (nommée kato pale "lutte totale" ou alyndisis "lutte allongée"). A la fin de sa carrière sportive, sa cité reconnaissante érigea une statue en son honneur et Milon la posa lui-même sur son socle. On estima le poids de la statue à 900 kg ! Mais Milon n'était pas qu'un lutteur. Disciple du philosophe et mathématicien Pythagore, dont il avait épousé la fille Mya, il était prêtre d'Héra du Lakinion et il aurait combattu revêtu d'une peau de lion, lors de la guerre contre Sybaris. C'était un cavalier réputé et il excellait dans l'art de la guerre.


Milon de Crotone

Milon connut la mort, dévoré par des bêtes sauvages (probablement des loups), alors qu’il s’était retrouvé les mains emprisonnées dans une souche d’arbre après avoir voulu écarter, à mains nues, le bois maintenu par des coins. Seul dans la forêt et épuisé sans manger ni boire, il devint une proie facile pour les animaux ; comble de la déchéance, symbole de l’orgueil. Cette fin tragique inspira le sculpteur français du XVIIème siècle Pierre Puget.

* Leontiskos, originaire de Sicile et issu de Messene sur le Détroit, remporta ses titres olympiques en 456 et 452 av. JC. Pausanias rapporte ceci : « Il fut, à ce qu’on dit, couronné par les Amphictyons et deux fois par les Eléens ; il se conduisait à la Lutte comme au Pancrace le Sicyonien Sostratos. En effet, Léontiscos ne savait pas renverser ses adversaires mais il gagnait en leur brisant les doits. »

* Theopompos II d’Heraiai (double vainqueur olympique en lutte en 440 et 436 av. JC) est le fils de Theopompos I lui-même double vainqueur (en pentathlon) et le petit-fils de Damaretos double vainqueur dans la course en armes (hoplitodrome).

* Euthymenes de Mainalos (Ménale) remporta son premier titre olympique en junior (en 400 av. JC) puis son second en senior (en 392 av. JC).

* Aristodamos, fils de Thrasys, d’Elis remporta son titre olympique en 388 av. JC (à la 98ème olympiade). Ses victoires aux Pyhtia datent peut-être de 390 et 386 et ses victoires aux Némeia de 389 et 387. Il était si massif que personne ne pouvait faire le tour de son corps avec les bras.

* Chairon de Pellene (olympionique de 356 à 344 av. JC)
Extrait de L'Elide, livre II, 13, 11 : "Le quadruple vainqueur olympique à la lutte, Chairon de Pellana, devenu tyran sous Alexandre, <> objet d'une sorte de "damnatio memoriae". Malgré ses 4 victoires à Olympie et ses 2 à l'Isthme de Corinthe [pour ce qui est connu], le souvenir de Chairon de Pellene (Pellena) fut maudit par ses concitoyens à cause du despotisme dont il fit preuve lorsqu'il devint le maître de la cité."

* Cheilon de Patrai (Patras) remporta ses titres olympiques en 332 et 328 av. JC. Voici l’épigramme d’Olympie rapportée par Pausanias : « Dans la lutte au corps à corps, je remporte à Olympie deux victoires, et deux à Delphes, dans la classe des adultes, trois fois à Némée, quatre fois à l’Isthme proche du rivage, moi Cheilon fils de Cheilon, de Patras, moi qui, mort à la guerre, fut enseveli par le peuple des Achéens en raison de ma bravoure. »

* Anauchidas d’Elis fut aussi vainqueur en lutte catégorie « enfants » puis « adultes » mais à des dates indéterminées.

Les trois plus titrés des champions grecs, en lutte (5, 6 et même 7 titres olympiques/pythiques) ont évolué durant la période archaïque, aux VIIème et VIème siècles avant JC. Ils furent vénérés comme des dieux (Hipposthénès et Hétoimoklès ayant été représentés à l’image de Poseïdon dans un temple à Sparte) …



… et se comportèrent parfois même comme des demi-dieux de leur vivant (Milon combattit, à la tête des troupes de Crotone dans sa guerre contre Sybaris, simplement vêtu d’une peau de lion et armé d’une massue).

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