mardi 10 juillet 2007

4 – Lutte & Pancrace

Avec trois disciplines martiales inscrites au programme Olympique (ainsi que dans les autres Jeux sacrés), il existait plusieurs combinaisons possibles :

- Lutte et Pugilat (comme Païanos d’Elis le réussit à Pytho)
- Pugilat et Pancrace (comme Théogènes de Thasos puis Kleitomachos de Thèbes le réussirent à Olympie)
- et enfin Lutte et Pancrace en référence à l’Héraklès de Thèbes de la mythologie, que Kapros d’Elis fut le premier à imiter en compétition historiquement authentifiée.
C’est cette dernière combinaison que tous les « polyvalents » qui suivirent adoptèrent.

Athlètes - Jeux Olympiques (date des victoires) - Jeux Pythiques (nombre de victoires) - Jeux Isthmiques (nombre de victoires) - Jeux Néméens (nombre de victoires) - Agon Capitolin (date des victoires)
Protophanes de Magnesia de Maiandros - 92 av. JC (deux titres) - ? - ? - ? - n’existait pas encore
Straton d’Alexandrie - 68 av. JC (deux titres) ; 64 av. JC - 2 à 4 ? - 2 ? - 6 ? - n’existait pas encore
Marion d’Alexandrie - 52 av. JC (deux titres) - ? - ? - ? - n’existait pas encore
Aristeas de Stratonikea - 13 ap. JC (deux titres) - ? - ? - ? - n’existait pas encore
Nikostratos d’Aigai (Cilicia) - 37 ap. JC (deux titres) - ? - ? - ? - n’existait pas encore
Titus Flavius Archibius d’Alexandrie - 101 ; 105 ap. JC - (3+1) - 0 - 4 - 94 ; 98 ; 102 ; 106 ap. JC
Aurelius Helix (ou Aelix) de Phoenicia - 213 ; 217 ap. JC - ? - ? - ? - 218 ap. JC (deux titres)

* Protophanes de Magnesia de Maiandros réalisa son doublé lutte/pancrace en 92 av. JC lors de la 172ème olympiade.

* Straton fils de Korrhagos d’Alexandrie réalisa son doublé lutte/pancrace en 68 av. JC. Il avait également remporté quatre victoires le même jour (doublés lutte/pancrace catégorie «enfants» et catégorie «imberbes») aux Jeux Néméens. Est revenu à Olympie en 64 av. JC pour y emporter une nouvelle victoire (en lutte ? … peut-être pour lever le doute quant à sa précédente victoire obtenue alors que deux de ses concurrents avaient été disqualifiés pour corruption). A été périodonique (chez les «adultes» comme l’indiquent ses titres olympiques) ce qui implique plusieurs victoires isthmiques et néméennes dans cette catégorie d’âge. A remporté notamment des titres pythiques en 70 et 66 av. JC. Il fit fortune et se construisit une palestre à Aigion pour s’y entraîner. Il remporta même plus tard des courses hippiques dans de grands Jeux, signe de son opulence.

* Marion fils de Marion d’Alexandrie réalisa son doublé lutte/pancrace aux Jeux Olympiques de 52 av. JC

* Aristeas de Stratonikea réalisa son doublé lutte/pancrace en 13 ap. JC. Il fut le 6ème homme à réussir cet exploit.

* Nikostratos fils d’Isidotos d’Aigai (en Cilicia) réalisa son doublé lutte/pancrace en 37 ap. JC. Il fut le 7ème et dernier homme à réussir cet exploit car ensuite, les Hellanodices n’autorisèrent plus les athlètes à concourir dans les deux épreuves simultanément. Pausanias raconte que «quand il était petit, des pirates enlevèrent Nikostratos de Prymnessos de Phrygie. Ils l’amenèrent à Aigai où quelqu’un l’acheta. Un moment après, ce personnage fit un rêve. Il crut voir le petit d’un lion sous le berceau où Nikostratos dormait. Et quand il eut grandit, il remporta beaucoup de victoires, à Olympie en particulier, au pancrace et à la lutte».

* Titus Flavius Archibius d’Alexandrie remporta ses deux titres olympiques en pancrace en 101 et 105 ap. JC. Il remporta également quatre titres pythiques : un en pancrace catégorie «imberbe», puis deux en pancrace et un en lutte catégorie «adultes». A Némée : une couronne en pancrace catégorie «enfants» et trois en pancrace catégorie «adultes». Il gagna aussi l’Agon Capitolin en 94, 98, 102 et 106 en pancrace, au Sebasta de Naples, etc.

* Aurelius Helix (ou Aelix) de Phoenicia remporta son premier titre olympique en lutte en 213 ap. JC alors qu’il était juvénile (à 18 ans) et son second en pancrace. Les Hellanodices (juges olympiques) ne le laissèrent pas disputer le concours de lutte en 217 ap.JC car ils ne voulaient pas qu’un 8ème homme réalise le doublé lutte/pancrace à Olympie. Aurelius Helix le réalisa pourtant en 218 ap. JC lors des Jeux au Capitole de Rome.

Pour une fois, les champions de l’Empire Romain ont fait mieux que leurs prédécesseurs (seulement cinq vainqueurs « polyvalents »). Peut-être faut-il comprendre que face à l’impossibilité d’égaler les géants du passé dans une seule discipline (par exemple : Milon six titres olympiques en lutte), les héritiers choisirent la polyvalence.

Jusqu’à la découverte récente d’une plaque de bronze sur le site d’Olympie, avec les noms d’une vingtaine de vainqueurs jusque-là inconnus (dont deux ou trois dans des sports de combat, catégorie «enfants»), le dernier champion olympique connu s’appelait Varakadis. Prince Arménien d’origine perse, il triompha au pugilat en l’an 369 de notre ère. À cette époque, les "olympionike" originaires de Grèce ne représentaient plus que 10 % du total tandis que les athlètes d’Asie mineure trustaient 60 % des couronnes d’olivier. Les Jeux avaient connu leur première internationalisation, au IVe siècle avant Jésus-Christ, après les conquêtes d’Alexandre le Grand. L’événement se "mondialisa" un peu plus avec la conquête de la Grèce par l’Empire romain (146 av. JC). Mais, manipulés ou ignorés par Rome, gangrenés par le professionnalisme, les jeux Olympiques ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes à la fin du IVème siècle après JC. Le coup de grâce est porté par Théodose Ier, dit le Grand. En 393, l’empereur romain, converti au christianisme, publie un édit supprimant les jeux Olympiques, manifestation païenne, sur les conseils, semble-t-il d’Ambroise, évêque de Milan. La thèse est, aujourd’hui, encore discutée par des historiens.
Toujours est-il qu’après 1 168 ans et 293 olympiades, les Jeux sont morts. En 395, Alaric et les Goths ravagent Olympie. La statue de Zeus, l’une des sept merveilles du monde, est transportée à Constantinople où elle disparaît dans un incendie. Cinq ans plus tard, l’atelier de son créateur, le sculpteur Phidias (IVe siècle avant Jésus-Christ) est transformé en église.

Désormais, l’Histoire s’écrira très loin à l’Est, en Asie centrale, dans les monts Altaï …

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