lundi 16 juillet 2007

La Grèce Antique

De 708 à 146 avant JC

Les origines : en Crète

Le combat à vocation sportive (athlôn) a pris naissance dans le monde méditerranéen vers le XVe siècle avant J.-C.. Dès cette époque, les Crétois prennent plaisir à pratiquer la course à pied, le pancrace, le combat contre les taureaux. La légende veut que, lorsque la Crète de la civilisation minoenne fut ravagée par des invasions successives, les prêtres (les curules) au service du culte de Rhéa et de Kronos aient débarqué sur les côtes du Péloponnèse, apportant avec eux sur le continent les traditions des Jeux qui allaient s'y perpétuer.

Après plusieurs siècles, Homère (poète aveugle du IXème siècle relatant les exploits des Mycéniens) renouvela avec cette tradition dans ses épopées : l'Iliade et l'Odyssée. Dans le chant XXIII de l'Iliade, il décrit les Jeux funèbres organisés par Achille devant les murs de Troie, en l'honneur de Patrocle (son compagnon mort au combat) .

Les sports de combat en Grèce Antique

En l’année 884 avant JC, son peuple souffrant des guerres incessantes et de terribles épidémies (la peste a ravagé le Péloponnèse), le roi d’Elide Iphitos consulta l’oracle de Pytho (Delphes). La Pythie lui répondit qu’il devait « rétablir les Jeux chers aux dieux ».

Effectivement, les légendes racontaient que le sanctuaire d’Olympie (qui se trouvait dans son royaume) avait été le théâtre de Jeux sacrés depuis des périodes très anciennes :
- minoenne, avec l’organisation d’une course à pied entre les quatre frères de l’Herakles Couretes, les Dactyles de l’Ida ;
- puis mycénienne avec la double victoire de l’Herakles de Thèbes en lutte et pancrace, tandis que les jumeaux Castor et Pollux obtenaient le succès en course et pugilat ;
- sans oublier les Jeux funèbres célébrés par Pélops (qui donna son nom au Péloponnèse), en commémoration de la course de chars qui l’opposa à son beau-père Oenomaos et dans laquelle celui-ci trouva la mort.


Iphitos obtint le soutien du puissant voisin de Lacédémone (Sparte), le roi Lycurgue, ...


Lycurgue

... et instaura la trêve sacrée immédiatement suivie des célèbres Jeux Olympiques qui se tiendront tous les quatre ans.

Le succès de ces Jeux est tel qu’en 776 avant JC, ils deviennent la référence du calendrier grec. C’est même le vainqueur du drôme (course sur une distance d’un stade, c’est-à-dire d’environ 192 m) qui donne son nom à la période des quatre années suivantes. Le premier connu sera Coroïbos d’Elis.

Ce calendrier, basé sur les éditions successives des Jeux Olympiques, va permettre de suivre l’expansion du « Monde Grec », en trois étapes :
- la période archaïque, quand les peuples hellènes issus du Péloponnèse ont conquis toutes les îles de la mer Egée, les côtes de l’Ionie et établi des colonies jusque dans le sud de l’Italie (nommée la « Grande Grèce ») et de la France. C’est l’époque d’Homère, d’Hésiode et de Pythagore ;

- la période classique quand les Grecs devinrent suffisamment forts pour résister aux Perses et à leurs alliés Mèdes. Cette période commence entre 500 et 450 av. JC, avec les victoires de Salamine et de Marathon et notamment avec la résistance héroïque de Léonidas de Sparte qui, avec 300 de ses guerriers, fit face aux dix mille « Immortels », l’élite militaire du « Roi des Rois » Perse ;

- et la période hellénique (ou hellénistique) où cette fois les Grecs furent plus que les égaux des Perses : ils les dominent. Cette période commence avec Alexandre le Grand, fils de Philippe de Macédoine. L’Empire Grec s’étendra de l’Egypte jusqu’à la limite du monde connu : l’Indus.



Influence d'Alexandre Le Grand en Orient et Extrême Orient

Durant les conquêtes d'Alexandre Le Grand, la recherche du combat au corps-à-corps des guerriers grecs et la pratique des arts de combat (Palê/Lutte, Pygmachia/Pugilat/Boxe et Pankration/Pancrace/Combat Total faisant partie de l'éducation grecque classique et hellénistique) furent déterminants dans la victoire contre les guerriers asiatiques habitués aux combats à distance. Il existait même une troupe spéciale, appelée "les boucliers d'argent" (Argirospides), qui excellait dans les arts de combat et qui formait la garde personnelle du roi Alexandre (356-323 av. JC).



Alexandre Le Grand

Après la mort d'Alexandre, le général Séleucos prit possession de l'est de l'empire : de la Turquie actuelle au fleuve Indus; un vaste territoire s'étendant entre autres sur l'Afghanistan (Alexandries rebaptisées Kandahar et Hérat), l'Iran (territoire des Perses), le Turkménistan (Alexandrie Merv/Mary), l'Ouzbékistan - anciennement appelé Sogdiane ou Transoxiane - (cités de Samarkand, Khodjend) et le Pakistan.

Ainsi, l'Asie Centrale, que les Grecs appelaient Bactrie (plus précisément le nord de l'Iran et de l'Afghanistan), subit de nombreuses influences et un subtil mélange de culture grecque et indienne apparut vers l'an 200 av. JC avec les rois grecs qui subsistèrent même coupés de l'Occident par les Parthes (appelés Anxiren par les Chinois) originaires du sud-est de la mer Caspienne.

En Bactrie, les peuples indigènes, pour la plupart nomades, eurent accès à l'éducation des arts de combat grecs. Ils pratiquaient dans les palestres et les gymnases de l'empire qu'avait laissés Alexandre, lequel se voulait cosmopolite, selon le modèle de la "polis" de son professeur Aristote (lui-même élève de Platon).
On a d'ailleurs retrouvé palestres et gymnases en Afghanistan, non loin des rebords de la chaîne himalayenne.
On pratiquait aussi des exercices gymniques internes, appelés "gymnastique ésotérique" (esoteriki gymnastiki) et faisant appel à la maîtrise du "pneuma" (énergie vitale) ainsi que bien d'autres exemples ou similitudes frappantes comme l'exercice immobile dans une position de garde appelée "zhanzhuang" par les Chinois ou "Artemis pix" par les Grecs, ou encore le couteau de cavalerie des armées d'Alexandre appelé "kourkos" par les Grecs et "kouraka" par les Birmans, "kachadao" par les Chinois, etc.

La culture de l'Asie Centrale connut son âge d'or en même temps que la dynastie Han en Chine (206 av. JC - 220 ap. JC) et c'est précisément durant cette période que l'on vit s'établir les premiers contacts de la culture occidentale avec la Chine.

Le roi grec Herméos (Yunmofu) de Kaboul (Ki-ping) s'allia avec l'empire Han contre une tribu scythe appelée Yueshi ou Toxares.
Les hordes de Toxares (ou Yueshi) étaient une ethnie indo-européenne de nomades venus des oasis du Gansu en Chine. Ils commencèrent à attaquer la Bactrie en 136 av. JC, passèrent le fleuve Jaxarates, mirent la Bactrie à feu et à sang et récupérèrent peu à peu les villes grecques.
C'est vers 50 av. JC qu'Herméos prit la tête des Grecs de Bactrie. Il fut surnommé "le sauveur" en redonnant force et pouvoir aux positions grecques restées en Asie Centrale près de 300 ans après la mort d'Alexandre. Les Grecs furent alors connus par les Chinois Han sous le nom de Yunxiuren (ou Daqiren, mot se référant aussi aux Romains).
Extrait du livre des Han : "Le général chinois Weng Chun s'allia avec Yinmofu (Herméos), roi des Yunxiu (Grecs)".
Devenu l'allié du grand empire des Han, Herméos fit inscrire des caractères chinois sur ses pièces de monnaies. Weng Chun installa au pouvoir Herméos "roi des Paropamisades" (une partie de l'Inde) mais vassal de la Chine. Il laissa là Herméos avec ses troupes mais celui-ci était trop loin de la Chine. Les empereurs Yuandi (48-33 av. JC) et Qingdi (32-7 av. JC) se désintéressèrent peu à peu de cette partie du monde et finirent par ignorer les ambassadeurs qui cherchaient à établir/restaurer des liens commerciaux.

On perd alors la trace historique des Grecs en Asie Centrale. Certains se réfugièrent dans les montagnes de l'Hindu Kuch et se trouvent encore aujourd'hui dans les montagnes du Pakistan sous le nom de Kalasha ou Hunzakuts (habitants de la vallée d'Hunza). D'autres auraient pris la route de la Mongolie (on a retrouvé deux endroits où une minorité se réclame comme descendante des Grecs). Enfin, une histoire fabuleuse raconte que 145 prisonniers, après le pillage de l'ancienne Alexandrie Eschote, dernier bastion de l'hellénisme en Asie Centrale, furent ramenés en Chine sur la Route de la Soie et à travers le désert de Gobi. Ils furent installés près de Zhelaizhuang, dans le pays de Yongchang, province du Gansu. Là, les Grecs fondèrent une ville connue sous le nom de Liqian, en souvenir d'Alexandre Le Grand (Yaliqian). Aujourd'hui, le village de Zhelaizhai compte 70 familles de type semi-européen (certains avec les cheveux bruns bouclés, roux, aux yeux bleus). Leurs coutumes actuelles ressemblent en de nombreux points à celles des Kalashas du Pakistan, telle la pratique de la Lutte et des jeux avec des taureaux ("des jeunes gens effectuant des sauts par-dessus les taureaux, tout comme leurs ancêtres il y a plus de 2000 ans", comme l'affirme la Xinhua Agency; ou à 3500 ans si l'on pousse la ressemblance jusqu'aux fresques crétoises de la période minoenne !).

Les sports de combat aux Jeux Olympiques

C’est en 708 avant JC que les sports de combat font leur apparition officielle aux Jeux Olympiques.


L’orthopale, c’est-à-dire la « lutte debout » ouvre ainsi la voie au pygmachia (pugilat, ancêtre de la boxe), olympique dès 688 avant JC, puis au pankration (pancrace, synthèse de lutte et de boxe), inclus au programme dès 648 avant JC.







Les premiers vainqueurs de ces épreuves sont :
- le lutteur Eurybatos de Sparte, en 708 av. JC
- le pugiliste Onomastos de Smyrne en 688 av. JC
- et la pancratiaste Lygdamis de Syracuse en 648 av. JC. Sur ce dernier, on raconte qu’il réussit à mesurer la distance du stade en 600 pieds ; ce qui permet d’évaluer sa propre taille : 1m92 (considérable pour l’époque).

Au bout de quelques décennies, les organisateurs des Jeux décidèrent d’introduire des catégories, mais pas de poids comme c’est le cas depuis la fin du XIXème siècle dans de nombreux sports. Des catégories d'âge. Elles variaient selon les disciplines mais aussi selon les Jeux (Olympiques, Pythiques, Isthmiques ou Néméens) tout comme de nos jours les catégories de poids varient d'un sport à l'autre. Pour la course, par exemple, on pouvait concourir dès l'âge de 12 ans alors que pour les épreuves "lourdes" (sports de combat) il fallait avoir plus de 14 ans. Et à 18 ans, on entrait dans la catégorie des hommes adultes.
En 632 avant JC, une catégorie d’âge est ajoutée en lutte : « paides » qui correspond à « junior ». Il en sera de même en 540 avant JC pour le pugilat et en 200 avant JC pour le pancacre.
Les premiers vainqueurs de ces catégories furent :
- le jeune lutteur Hipposthenes de Sparte, en 632 av. JC, qui remportera ensuite cinq victoires olympiques chez les adultes (un exploit qui ne sera réédité qu’une fois, par le célèbre Milon de Crotone)
- le jeune pugiliste Leokreon de Keos, en 540 av. JC
- et le jeune Phaidimos d’Alexandrie (en Troade), en 200 av. JC, à la période hellénistique.
Le succès des Jeux d’Olympie fut tel que d’autres sanctuaires complétèrent la Période (l’olympiade) avec des compétitions sacrées presqu’aussi prestigieuses :

- les Jeux Pythiques, à Delphes, dès 586 avant JC,
- les Jeux Isthmiques, à Corinthe, dès 580 avant JC
- et les Jeux Néméens, à Némée, dès 573 avant JC.

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