mardi 10 juillet 2007

2 – En Pugilat

Athlètes - Jeux Olympiques (dates des victoires) - Jeux Pythiques (nombre de titres) - Jeux Isthmiques (nombre de titres) - Jeux Néméens (nombre de titres)
Tisandros de Naxos en Sicile - 572 ; 568; 564; 560 av. JC - 4 - 0 ? - 0 ?
Praxidamas d’Egine - 544 av. JC - 0 - 5 - 3
Glaukos de Karystos - 520 av. JC - 2 ou 3 - 8 ou 10 - 8
Philon de Korkyra - 500 ; 496 av. JC - ? - ? - ?
Euthymos de Locres Epyzéphyrienne - 484 ; 476 ; 472 av. JC - ? - ? - ?
Alkainetos de Lépréos - 456 ; 444 av. JC - ? - ? - ?
Satyros d’Elis - 332 ; 328 av. JC - 2 - 0 - 5
Epitherses d’Erythrai - 184 ; 180 av. JC - 2 - 2 - 2
D[…]gonos de Rhodes ? - 160 ; 156 av. JC - 2 ? - 4 ? - 4 ?

Remarque : Bien que souvent présenté comme le meilleur pugiliste de l’Antiquité, Diagoras de Rhodes (1m95, 1 titre olympique, 1 pythique, 4 isthmiques et 2 néméens) n’a régné qu’entre 4 et 6 ans). Sa célébrité, il la doit tout autant à l’ode triomphale que lui a écrit Pindare qu’aux succès de ses enfants et petits-enfants.

* Tisandros, fils de Cléocritos, de Naxos (la plus ancienne colonie grecque de Sicile) fut vainqueur de 572 à 560 av. JC. Il peut ne pas avoir participé aux Jeux Isthmiques et Néméens, comme le suggère Moretti, ou ses victoires ne sont tout simplement pas répertoriées (comme toutes celles antérieures à 500 av. JC) comme le pense Pausanias. Selon Philostrate (Gymnastikos, 43), Tisandros accrut la vigueur de ses bras en nageant autour des promontoires de l’île. Tisandros a peut-être été célébré par Pindare dans une ode qui semble plutôt en rapport avec un succès à l’Isthme.

* Praxidamas d’Egine remporta son titre olympique en 544 av. JC (à la 59ème olympiade). Fils de Socleidas (ou de Soclès), il remporta également cinq victoires à l’Isthme et trois à Némée. La famille des Bassidai, à laquelle il appartenait, avait obtenu seize victoires dans les concours panhelléniques.

* La taille de Glaukos, fils de Démylos, de Karystos (vainqueur aux Jeux Olympiques de 520 av. JC) aurait été de 5 coudées moins 4 doigts soit environ 2m15 (si sa statue était à l’échelle comme celle des vainqueurs iconiques). Quant au nombre de victoires obtenues, il varie selon les sources :
- Anecd.Graeca : 3 pythiques et 10 isthmiques (rien n’est dit sur les néméennes)
- Pausanias : 2 pythiques, 8 isthmiques et 8 néméennes.

Glaukos cultivait la terre de son père Démylos mais un jour, le soc de sa charrue s’était détaché de l’araire et il le rajusta en se servant de sa main comme d’un marteau. Démylos fut stupéfait par ce spectacle et amena son fils à Olympie pour qu’il participe au concours de Pugilat. Et là, comme Glaucos n’avait pas d’expérience du combat, il se fit blesser par ses adversaires. Alors qu’il boxait contre le dernier d’entre eux [en finale], on croyait qu’il renonçait à cause de ses blessures. Et là, son père lui cria : « Mon enfant, assène le coupe de l’araire !». Et il remporta la victoire.
La statue que Pausanias décrit a l’allure d’un combattant qui feinte car Glaukos [étant donné sa taille] était naturellement le plus doué des athlètes de son temps pour l’esquive au combat.
Pour les Grecs du IVème siècle, son nom était synonyme de champion. Simonide composa une ode pour sa victoire où il déclarait que ni Pollux (champion mythologique en Pugilat) ni Héraklès (champion mythologique en Lutte et Pancrace) n’auraient pu rivaliser avec lui.

* Philon fils de Léoprépès de Korkyra (Corcyre) remporta ses titres olympiques en 500 et 496 av. JC.
* La légende raconte que c’est Milon de Crotone qui conduisit Euthymos, fils d’Astyclès, de Locres Epizéphyriennes aux Jeux Olympiques. Les trois victoires qu’il y obtint sont les seules qu’on lui connaisse mais, étant donné la main mise de son grand rival Theogenes de Thasos sur le pugilat entre 490 et 473 av. JC, on peut penser que ce sont les seules. Mais ces trois victoires olympiques suffirent à en faire l’objet d’un culte héroïque. Les légendes racontent qu’il était le fils du dieu-fleuve Caikinos, qu’il avait vaincu un daimôn terriblement noir de teint et enveloppé d’une peau de loup qui portait le nom de Lycas, ...

* Diagoras fils de Damagetos de Rhodes (4 coudées et 6 doigts, soit environ 1m95), était surnommé le "Périodoniké" pour ses victoires aux quatre grands Jeux de l'Antiquité, sans oublier les concours qui n’appartiennent pas à la Période : à Rhodes, à Athènes, à Argos, en Arcadie, en Béotie, à Pellana, à Egine, à Mégare. Le poète lyrique Pindare écrivit en son honneur une ode si belle que les habitants de sa cité la firent graver en lettres d'or sur le temple d'Athena à Lindo. Couronné en pugilat en 464 av. JC, il eut trois de ses fils et deux de ses petits-fils également couronnés aux Jeux Olympiques :
- Damagetos : deux fois en pancrace
- Akusilaos : une fois en pugilat
- Dorieus : trois fois en pancrace
- Eukles : une fois en pugilat
- Peisir(r)odos : une fois en pugilat (catégorie junior), entraîné par la propre fille de Diagoras : Kallipatera Phérénike (seule femme à avoir bravé l’interdit et à avoir assisté aux Jeux. Elle n’échappa à la condamnation à mort que grâce à sa noble ascendance d’olympioniques).
* Alkainetos fils de Théantos de Lépréos fut couronné en pugilat en 456 av. JC (81ème olympiade) dans la catégorie « enfants » (juniors) puis en 444 av. JC dans la catégorie «adultes» (seniors). Ses fils Hellanicos et Théantos eux aussi obtinrent des couronnes olympiques en Pugilat catégorie « enfants », respectivement lors des 89ème (en 424 av. JC) et 90ème olympiades (en 420 av. JC).
* Satyros fils de Lysianax d’Elis remporta les Jeux Olympiques de 332 et 328 av. JC. Il appartenait à la famille des Iamides, illustres devins éléens.
Satyros d'Elis

* Epitherses fils de Métrodoros d’Erythrai (Erythrées), en Ionie, remporta les Jeux Olympiques de 184 et 180 av. JC. Selon Pausanias, il aurait aussi remporté deux succès à Pythô (Delphes), Némée et à l’Isthme [de Corinthe]. Plus jeune, il aurait même remporté les Panathénées (vers 190/189 av. JC).
* D[…] (de Rhodes ?), vainqueur aux Jeux Olympiques de 160 et 156 av. JC, aurait remporté deux fois entièrement la période (soit, à chaque fois, 1 titre pythique, 2 isthmiques et 2 néméens en plus du titre olympique).

L’exploit (4 titres olympiques et 4 pythiques) de Tisandros de Naxos en Sicile (première colonie grecque en Italie) ne fut jamais égalé, ni par le gigantesque (2m17 exactement) Glaukos de Karystos, ni par Euthymos de Locres Epyzéphyriennes (le grand rival de Théagenes de Thasos pendant quatre olympiades).

4 commentaires:

Je a dit…

Tous les titres isthmiques et néméens en pugilat revinrent à Théagènes de Thasos de 490 à 473 av. JC inclus !
Ses rivaux, et plus particulièrement Euthymos de Locres, réussirent tout de même à le priver de quelques titres majeurs.
On sait qu'Euthymos, justement, conquit les couronnes aux Jeux Olympiques de 484, 476 et 472 avant JC. Le vainqueur de 488 av. JC en pugilat est également connu : Diognetos de Crète (en l'honneur de qui on célébra un culte herculéen en Crète). Et le titre olympique de 492, juste avant que ne débute la carrière de Théagènes, échut à l'infortuné Kleomedes d'Astipalea. En effet, destitué de sa victoire par la mort de son adversaire Ikkos, il devint fou de chagrin et commit un infanticide collectif une fois de retour dans sa cité ...
Bref.
Les seules interrogations qui persistent concernent les Jeux Pythiques. L'auteur Pausanias attribue trois couronnes pythiques à Théagènes et le chercheur Luigi Moretti en précise les dates : 482, 478 et 474 avant JC. Il ne reste donc plus qu'à attribuer les couronnes pythiques de 490 et 486 av. JC sachant qu'elles ne revinrent pas à Théagènes ...

Je a dit…

Il est tout à fait vraisemblable que les vainqueurs olympiques de 488 et 484 av. J-C, respectivement Diognetos de Crète et Euthymos de Locres, puissent aussi avoir conquis les titres pythiques de 490 et 486 av. J-C. D'autant plus qu'il existait trois catégories d'âges : "enfants" (15/17 ans dans les épreuves lourdes), "imberbes" (18/20 ans) et "adultes" (21 ans et plus).
Pourquoi pas un titre chacun chez les "adultes" ? Diognetos en 490 et Euthymos en 486 av. J-C.

Je a dit…

Faisons une analogie entre Mohamed Ali, triple champion du monde poids lourds chez les boxeurs professionnels, et Euthymos de Locres, triple vainqueur olympique chez les "andres" (hommes adultes) pendant l'Antiquité.

A 18 ans, Mohamed Ali, alors connu sous le nom de Cassius Clay, remporte le titre "moins de 81 kg" en boxe amateur lors des Jeux Olympiques de 1960 (tandis que Francesco de Piccoli s'imposait chez les poids lourds).
A 18 ans, Euthymos de Locres remporta les Jeux Pythiques de 490 av. J-C dans la catégorie "imberbes" (tandis que Diognetos de Crète s'imposait chez les adultes).
NB : Théagènes de Thasos aurait encore appartenu à la catégorie d'âge "enfants" (15/17 ans).

A 22 ans, Mohamed Ali devient champion du monde professionnel cette fois chez les poids lourds, en 1964. Statut qu'il confirmera contre Sonny Liston (lors d'une revanche) et Floyd Patterson.
A 22 ans, Euthymos de Locres remporta les Jeux Pythiques de 486 av. J-C cette fois chez les "adultes". Statut qu'il confirma lors des Jeux Olympiques de 484 av. J-C contre Théagènes de Thasos.
NB : En 486 av. J-C, Théagènes aurait encore appartenu à la catégorie d'âge "imberbe" (18/20 ans).

Quatre ans plus tard, en 1968, Mohamed Ali est destitué de son titre de champion du monde et entame une "traversée du désert" de 6 années.
Quatre ans plus tard, en 482 av. J-C, Euthymos de Locres entama une "traversée du désert" longue de 6 années (puisqu'absolument tous les titres furent remportés par Théagènes, cette fois bel et bien "adulte").

A 32 ans, en 1974, Mohamed Ali redevient champion du monde des poids lourds, pour la deuxième fois.
A 32 ans, en 476 av. J-C, Euthymos de Locres redevint olympionique (vainqueur des Jeux Olympiques), pour un deuxième sacre.

A 36 ans, en 1978, Mohamed Ali redevient champion du monde des poids lourds, pour la troisième et dernière fois. Et se retire peu après.
A 36 ans, en 472 av. J-C, Euthymos de Locres redevint olympionique (vainqueur des Jeux Olympiques), pour un troisième et dernier sacre. Et se retira probablement peu après.

Je a dit…

En première estimation, compte tenu de ses seuls trois titres olympiques connus, la domination d'Euthymos de Locres sur le pugilat était de 12 +/- 3 années.

Si on accepte l'analogie entre sa carrière ("romancée") et celle de Mohamed Ali, on ajoute deux (éventuels) titres pythiques aux trois olympiques. L'estimation devient donc 10 +/- 1 années.